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Supervision d’un coach dans une création de Médiation. 1– Le point de vue du coach

Le point de vue du coaché supervisé, dans un cas d’une médiation familiale dans un groupe familial et parental. Supervision en création de « coaching de médiation » réalisée par Lucien Kokh. Le compte rendu et point de vue court sur la période du 30/04 au 10/08 2015. L’ensemble de la construction intervention et médiation est toujours en cours en mars 2016.

1 | Organisation de la supervision. Mon point de vue et « ma lunette de vue »

Lorsque j’ai commencé à travailler ce cas d’intervention et de supervision, particulier, avec Lucien Kokh, je faisais des comptes-rendus de réunions à la famille, sur leur demande et correspondant à leur attente, après les réunion de médiation familiale plénières qui avaient lieu tout les quinze jours pour les trois premières, puis tous les mois pour les suivantes. Elles se trouvaient excentrées de leur domicile, après avoir commencé par une visite et une connaissance du lieu (un grand hôtel au centre de Paris). Je répondais par courriel à leur demande de précision, corrections, et inflexions, à ce qui s’était passé selon chacun. Je répondais entre deux réunions et en faisais part à Lucien Kokh. Je créais ainsi un lien fonctionnel en rapport avec la réalité et ce qui était en instance de traitement.Le compte rendu avait en soi ce type de fonction.

Entre deux, il y avait en plus une correspondance avec la famille. Je transférais les CR et échanges à LK, par mail et je le rencontrais et le rencontre encore toutes les semaines. Ainsi se trouvait « vissée » la réalité et on peut dire constituer dans des « cordes, des entours de travail » relatifs au terrain et des canaux de communication.

2 | Une vision en une dimension à concevoir comme des « briques mentales »

Mes rapports à LK sont chronologiques. Ses retours sont encourageants. Nos échanges sont sur la notion de concevoir sa vie en personne propre, apprendre à concevoir soi et en propre sur sa base propre, et on peut dire « en pied et en cap ». C’est à dire à acquérir des consistances ou des formes de « distances et lunettes mentales » en rapport et références aux réalités. Je m’aperçois de ce fait des projections de ma part lors de mes interventions, de mes types de lecture de la situation et des relations, et des types de projections que j’ai ou ai pu avoir dans mes comptes rendus ou ma perception des personnes et de leur situation. Cette phase est comme nécessaire, instituée, et considérée semble-t-il comme tel. Elle constitue en soi « comme un cadre et une institution».

Ensuite sur la base de ce qui s’est passé et que j’ai actualisé et transmis, en y ajoutant mes impressions du moment, dans une forme d’actualisation,   LK commence à me donner des notions nouvelles : celles de « briques mentales » par exemple qui s’intègrent au contexte et qui sont des conditions de plus d’intelligibilité.

Par ailleurs, il me propose de lire des travaux sur le roman familial (Freud, Lacan) permettant de concevoir cette notion pour s’en servir aussi comme élément lecteur et décodeur. Je me rends compte en devant écrire ces lignes, qu’il est important de se situer « dans l’écriture et dans le rendre compte par la compétence et la capacité du différé dont est porteur l’écriture et son acte», ce qui diffère de la seule prise de notes.

Il corrige, commente et rassure. J’exprime que : « Je ne suis pas psychanalyste » : c’est la 1ère fois que je travaille ainsi, chose que je pose et affirme auprès de lui. Je pourrais compléter en disant que : c’est la première fois que je travaille, directement ou comme en direct, avec le psychisme des gens.

Ce qu’il m’apprend dans et pour mon psychisme et confrontation directe aux personnes, est de ne pas m’attacher aux résultats comme dans mon travail de consultante qui impliquait en soi une enveloppe mentale et un type d’attitude en rapport aussi avec la réalité très imposée dans ses modes et formatages. Une attitude plus dirigée et commandée, par la commande directe et sa conception dans les types de codages et compréhension implicite formatrices des réalités. Si on accepte cette notion d’enveloppe mentale et sociale, par quoi on perçoit, il m’a entrainé et orienté dans le sens d’écouter plus, plus large, à lâcher mes désirs de maîtrise et de contrôle, à ne pas vouloir pour ou à la place des autres ou en poussée directe vers les résultats.

En image globale : A me désidentifier, à prendre de la distance. Il faut que je le dise pour m’en rendre bien compte et que je l’écrive pour pouvoir fixer, cette capacité et compétence de m’en rendre compte de façon durable.

Je continue à écrire et penser en une dimension où je me sens « témoin de moi » au cours de cette intervention et de la formation qu’elle me fait faire dans son ensemble.

3 | Bascule de la vision dans une nouvelle vision à trois dimensions

Elle aura lieu lors des échanges de la famille autour des codes d’échanges, des limites, du passage de l’individuel au collectif. La monnaie et les codes d’échanges se rendent présent dans l’implicite.

Ou encore quand il s’agit d’une projection intracommunautaire et partagée dans la vie d’échange implicite et explicite. Celle-ci étant obligée de produire des codes de comportements, dans les consciences respectives et dans l’espace du vivre ensemble et partagé.

Dans cet espace partagé des visions, émotions et du vivre ensemble où et en quoi j’interviens, je suis amenée à avoir une vision, très émotionnelle et engagée forcément sur ma propre situation, en quoi je me trouve engagée, dans ma situation familiale et ses modes relationnels. Car ce qui fait résonnance et caisse de résonnance miroir avec son effet de trop de familiarité mais aussi d’étrangeté, est qu’au même moment, je suis en position de médiation dans ma propre famille comme dans la famille que j’accompagne. Il y a beaucoup d’émotions en concentration et écho. Un besoin de structuration différente émerge de plus en plus à l’intérieur de ce qui existe. Je ressens le besoin de modèles à créer par rapport au besoin de médiation et de régulation. Besoin d’émergence et de représentations nouvelles. LK m’oriente vers le théâtre grec, le cinéma, pour mieux palper, sentir cette matière qui se constitue et qui a besoin de mise en forme et en perspective en rapport avec ma présence.

LK me parle de cinéma, en « mode vision et conscience », concernant les situations familiales, de scénographie, de théâtre social, et de destin. C’est comme s’il formalisait ce qui se passe à l’intérieur de moi, non pas en paroles mais en images, dont je suis le témoin et l’actrice sur le terrain, comme ayant connaissance et devant en prendre connaissance. Et un peu comme le tournage d’un film qui s’imprègne, alors qu’on serait témoin du tournage sur le plateau.

Il maintient mon désir d’être là dans ce présent qui fluctue en permanence, et qui ne connaît pas de figures de stabilisation ou de suite assurée, sans me démonter, en me centrant sur moi-même, au-delà de toutes considérations…ou d’excès de centrage sur mes émotions ou piège dans l’excès de personnalisation ou compréhension personnelle. Ce centrage me fait penser à la danse des derviches sur eux-mêmes que j’avais apprise il y a un certain temps et où il trace leur monde et leur présence. Le centre c’est la colonne vertébrale axe du monde et centre du cercle. C’est une forme de présence et d’être présent à ce qui existe et se passe. Celui qui se concentre dans le fait de le ressentir et d’éprouver est présent dans ce centre et à cette colonne. Il faut lui laisser son sens de la gravité propre et s’y accorder, et de là pouvoir être mis en contact avec l’énergie qui existe hors et au-delà de soi. Energétique, symbolisme et représentation agie, vivante, semblent se conjuguer dans la capacité d’éprouver mais aussi d’exprimer. Ce qui constitue une forme de fusion dans la façon d’être présent et d’être aussi un transmetteur.

4 | Réalité sensorielle, psycho neuronale, conceptualisation en menu déroulant et mimodrame

Un langage commun commence à émerger dans la famille suite au travail sur les codes. C’est à dire sur les représentations qui manquent, font défaut, ou n’existent pas, pas vraiment. Ou encore sur des représentations non connues ou inconnues qui impliquent par elle-même leur convention ou leur forme de grammaire dans le vécu mais aussi dans l’exprimé ou dans non exprimé.

Ils en retirent des satisfactions propres qui dépassent les non fonctionnements, les manques de corrélations, d’organisation et de compréhension qu’il s’agit de réguler. Car les effets de transmissions, connections, et relations se font sentir, au-delà des guerres et des conflits psychologiques et interviennent à un niveau autre.

Je propose aux parents de les recevoir sans leur fille car leurs désaccords bavent sur elle, comme me fait remarquer LK et ont une force d’intensité trop grande. Une alliance entre eux deux est crée  à propos d’une capacité d’expression à fixer: celle de pouvoir apprendre à dire et exprimer le refus, la limite: « dire non, stop ça suffit  »  quand c’est le cas et de se soutenir mutuellement dans la constitution de cette limite, de cet accord anti-désacord ou anti scission et incoordination. Là encore, beaucoup à dire, apprendre et faire comprendre et apprendre en faisant apprendre.

Un rendez-vous par ailleurs est pris pour une constellation familiale par la mère sur ma suggestion.

LK me demande un feedback sur « comment il m’accompagne dans cet accompagnement de la famille ». Je ne sais pas trop comment m’y prendre pour ce portrait. J’hésite sur le plan ou la direction à prendre car mes premières idées, traces, mises en ordre, sont en ordre chronologique pour moi, centré sur moi et pour faire place à cette existence de la chronologie dans ma connaissance et mon intervention et ses suites propres pour moi. Mais c’est là quelque chose qui a en somme une seule dimension dans ce mode de retour centré. Données et traces qui me constituent comme témoin de moi.

5  | Ma situation et mon état d’esprit ; des traversées

Par ailleurs, je suis en cure thermale dans le midi et je ne sais comment répondre à cette demande. Je n’ai plus de repères propres intervenant dans les temps et les lieux de mon intervention et là où dans son processus je me localise et me connais. Je suis dans ce contexte propre, excentré, ailleurs, baignée sans arrêt dans de la boue ou des eaux tièdes chargées de minéraux .Je fais de beaux rêves réparateurs de mon passé. Je suis profondément détendue et seuls me troublent les quelques échanges et le wifi insuffisant. Mon désir de maîtrise est encore là ou de faire face immédiat. Je finis par lâcher, suite à quelques échanges avec LK. J’arrive à ralentir et à prendre le temps de ressentir, de me laisser traverser, d’autant plus que je n’ai plus aucune douleur physique. Je verrais à mon retour…j’ai besoin de vacances car finalement toutes ces émotions ça fatigue…Et puis il faut considérer que dans une intervention en circonstance active de vie, il y a un impact émotionnel qui consiste non pas à éprouver des émotions ou les recevoir comme des chocs, mais à pouvoir se laisser traverser par elles, se les approprier, les élaborer, et comprendre ce que cela veut dire quand on les répercutent.

Lk réussit à m’apprendre la notion de langage et de distance et pas seulement pour l’inconscient, mais aussi pour la musique, et pour les constellations familiales dont je lui parle car la mère veut en faire une. La langage de la chose ou des choses plutôt, et éprouvées, comme ce à quoi on assiste et par quoi on est traversé et qui vous remanie dans votre être et compréhension. Ce qui aussi donne une autre assise aux évènements de vie qui interviennent et traversent.

Je suis en déséquilibre instable entre la vision à une et celle à Trois dimensions, dans une autre distance, c’est à dire en vision de vie beaucoup plus large d’émotion et de remaniements et somme accueillant un monde ou des éléments d’un monde faits d’évènements, interconnectés, vécus, agis. Evènements qui ont leur sorte de vie propre, à partir d’un noyau primitif central.

En rentrant de ma cure, bien reposée…je revois LK et j’arrive à abstraire ou prendre du recul par rapport à notre relation dans le cadre de l’approche de la famille. Elle constitue mon cercle d’autonomie propre, en relation mais à distance. Car en fait il s’agit de penser et de prendre la dimension de deux distances à la fois. Celle qui est en jeu dans le suivi de la famille et celle en jeu dans la relation de supervision.

Je suis au centre : un corps et une tête et j’ai un rôle centripète dans ma position. Je capte, assemble ce qui vient du terrain en ma présence et par ma présence. Terrain qui de ce fait commence à avoir une existence et une dimension univers d’évènements, propres ou qui commence à bouger à l’intérieur de ses fixités. LK, est une tête à distance ; c’est le relais distant en quoi se fait le lien comme média, médian et théorie. Une sorte de carrefour qui se fixe dans la distance.

Sa fonction n’est pas de représenter le corps en rapport avec les autres mais plutôt une capacité de concevoir des fonctionnements à distance comme constituant des images, des figures, des positions et des mouvements et pouvant se représenter comme à l’œil d’un peintre qui fixe du mouvement. Ou encore comme des personnages se mettant à parler d’eux-mêmes sur une scène de vie au lieu de seulement agir.

6 | Comment concevoir plus grand que nature, en mode Micro-Macro

Concevoir selon ce prisme et ce regard comme multifaces donne quoi comme résultats ? Quelque chose qui donne comme « de la parole à la parole » et une scène de regard et présence aux figures du vécu et de l’existence par des personnes et des groupes liés, proches et partenaires du fait de leur existence et leur lien groupal. Il me faut guetter le moment où la tête est satisfaite et petit à petit la partition n’est plus discordante. Le témoin qui cherche à comprendre et se représenter et imaginer ce qui se passe dans la scène locale du territoire, n’est plus autant ballotée et tirée dans tous les sens. Il devient comme un témoin et une personne capable de reprendre sur soi pour faire exister et témoigner.

Je suis un « scoping miror, SM selon LK »: j’introduis un miroir de langage et de compréhension, là où il n’y en a pas et là où il peut manquer. Là où il y a d’abord du semblant et de l’apparence trompeuse. Un grand miroir de constitution de regard, présence, paroles, et constitution de liens et de raisons ou de résonances qui se constitue dans la distance. Je propose d’autres miroirs pour changer de point de vue à cette famille en son groupe comme fixée dans les images communes. Comme je suis vue à distance, que je peux me voir à distance et non amalgamé dans le centre ou cœur des situations, qui assourdit ou « rend aveugle », je peux admettre le désordre dans sa présentation de surface.

J’introduis un qualifiant : il faudrait amener un peu d’ordre dans tout ça : le désordre primitif ou « Emotionnal Primitif System » ou EPS selon LK qui est un appel à une demande d’un peu d’ordre.

Description de cet EPS, tel que je le vis : ça sort, ca exsude, il y a du trop plein, ça doit sortir et dériver, aller ailleurs. Il y a une conception dynamique qui se dégage de cette capacité de distance et de vision à partir du trop plein des situations. Tout ça c’est trop, trop de trop ! Il faut que ça aille ailleurs, car sinon que d’énergie coincée et perdue qui ont besoin de déborder le cadre. Que d’énergie centrée, centrale, centripète avec trop peu de dehors, « d’ailleurs » ou de points d’écoulement ou de rebond. Et que de raisons et fausses et apparentes explications. Il faut amener un début de sens, en neutralisation réciproque ou respective. Chaque membre de la famille est volcanique…il y a un écoulement insuffisant en énergie pour être présent au dehors, mais aussi pour ne pas avoir un effet de tension, immobilisation et destruction centrale dans ce groupe propre en rapport avec les volontés, les personnalités et leur représentation ou imagination personnelle. Et leur butée centrale, cumulée qui annule leur représentation propre.

7 | Pratique de la vision plus grande

Je demande à LK de me donner sa vision de la constellation : il la voit comme un ensemble de personnes qui vont représenter un centre noyau en intensité, vécu émotionnel au-delà des défenses individuelles des personnes, un centre noyau réflecteur fort constitué par les témoins dans le dispositif dans la scène globale des émotions, qui leur est inconnue et à quoi il n’accèdent pas en direct. Il précise ainsi le rapport et la différence entre ce que sont les choses et les imaginations et les représentations que nous nous en faisons à partir de centre de vécus. Cette scène globale est représentée et favorisée par le fait réel du dispositif et ce à quoi elle donne lieu dans l’expérience des participants. Ou encore la création du dispositif expérimental, source d’intelligence et d’information que constitue « une constellation », fournit des images globales à une réalité qui n’est pas conçue en accès direct. C’est comme monter sur une « scène de théâtre ». Mais de plus, la traduction et représentations émotionnelles, sont encore plus fortes que ce que suppose la seule présence dans le vécu individuel de la situation.

Dans quelle matière énergétique ça joue ? En réponse à ma question, Il me propose de donner un nom : boules d’énergie psycho neuronale opérant dans un lieu et un espace donné. C’est de l’énergie grossière qui n’a pas de contenant véritable, une claire différenciation au départ, mais peut se manifester dans sa condensation. Je peux la ressentir mais elle existe indépendamment de moi et de ma volonté. Donc la 1ère chose à faire en conséquence pour la conceptualiser, voire la ressentir, mieux que la confusion, le chaos ou l’intention, c’est de se transformer en récepteur neuro-sensible. Ou encore de l’individualiser en s’individualisant soi.

Je reçois, je ne bouge pas, je ne dis rien, je m’en « fous » pour ainsi dire, et je vois l’effet que ça me fait, et je le note comme si j’étais présente mais aussi déjà à distance, semi-présente, et pas totalement présente. Cette question de « la présence dissociée », est importante dans ce qu’il me renvoie et m’apprend.

Comme j’ai suivi des formations en euphonie gestuelle selon Steiner, et j’ai travaillé sur les corps énergétiques, cette perception du subtil m’est connue et je peux faire le lien avec les émotions, le psycho neuronal et les « boules d’énergie »…Je commence à voir, sentir dans l’espace ou comme des représentations qui se donnent dans l’espace et qui ont de la durée et « du temps ». Ou encore dans le présent des situations et des corps.

8 | Espace temps, images, messages

LK m’explique que le temps ce n’est pas l’espace et que l’espace ce n’est pas le temps ou pas seulement, au sens de la conscience et de la perception ordinaire. Mais que c’est une sorte de mixte des deux, pris dans leur unification. Ce qui constitue des unités nouvelles ou autres, au-delà des matérialités courantes ou ordinaires et de leurs imaginations primaires. Ce sont des matérialités concrètes, au moins implicitement, qui se constituent au travers de la distance temps que représente le temps, et qu’il délivre en représentation et persistance au-delà des images de son vouloir et ses goûts psychologiques. En espace plan et de représentation ou de pouvoir s’aviser de représentations, ce sont des images transmises et qui se transmettent comme précédant la rationalité et les raisonnements ou le moment de les capter. Comme lorsque je lui parle du cerveau-images des émotions pour ponctuer ma compréhension. Il me raconte la notion matérielle et sensorielle du temps et de ce qui se passe à l’intérieur d’un temps donné. Ce n’est concevable que comme une sorte de conte à images plus ou moins croyable qui se développe au-delà de soi. Nous recevons des messages en permanence qui nourrissent notre cerveau ou allume notre cerveau image et consommateur d’images de divers sortes. Nous de les décodons pas tous et selon les conditions et les possibilité de pause et de fixité dans le temps. A l’intérieur de schémas stables, en apparence solide et indéformables, on change à chaque instant et cela au-delà des grilles convenues des représentations mentales et sociales et de leurs impressions. Ou encore ce qui change, change autrement que dans l’esprit et l’imagination du monde social courant et actuel et ses enfermements solitaires. Il faut rétablir la dimension du mouvement, de la sensation corpusculaire avec qui on échange dans des dimensions et conceptions bien plus larges. Il s’agit de se constituer en pôle récepteur et en dimension sensorielle, mais qui nous constitue aussi comme « récepteurs de temps ». L’espace temps regarde, et est une forme de position, de posture dans le temps à savoir rejoindre : ne rien vouloir, ne rien désirer, il ne se passera rien, au fond que s’est-il passé ? C’est là une forme d’accord et de recherche d’accord avec sa perception et les sensations de sa présence.

Faire monter une conscience de corps et d’esprit collectif…dans les fondements de sa présence, comme on conçoit une plante, un arbre, pour concevoir la beauté du genre dans la fixation du moment.

9 | Concevoir un espace visionning / revisionning ou les espaces

A partir de notions d’enveloppes autour du centre dont nous avions parlé, visible ou non visible, LK propose de concevoir un espace visionning/ revisionning, un tracé mental qui donne forme à quelque chose qui a existé entre lui et moi. Mais c’est aussi comme une forme qui a existé entre moi et le monde extérieur qui vient prendre sa place ou trouver là son lieu dans notre accordage. Dans sa représentation, Il surplombe le groupe où est l’intervention demandée et représente en partie cette intervention dans son différé et son décalage. Cette intervention demandée met en tension l’espace de collaboration entre LK et moi-même dans son parallélisme. Ce qui constitue ce qu’on peut appeler des espaces de transitions par rapport à ce qui existe comme d’évidence et selon les modes de vision standardisées ou « naturelles » des choses humaines laissées à elle-même. Ce serait bien d’introduire des gens extérieurs, du tiers….par la suite….et comme il l’a exprimé, pour introduire comme de la lecture, de la compréhension et du témoin par ce type d’intervention. Pas seulement comme de la répétition ou du voyeurisme mais une vision introduisant du médian. Et pouvoir former des personnes et en initier d’autres à ces envies et dispositions.

Je demande comment ne pas me laisser prendre par le champ de force de la famille et leurs propres saisies et captations ou empoignades, et cela a été longtemps mon inquiétude, ma hantise et l’objet de mes questionnements.

Le type de réponse que le superviseur qu’il est m’a apporté à cette question préoccupante a été d’abord de lire et relire le drive de suite d’intervention, précédent. Puis à ce moment de temps et de vision accordés, de ne pas enchainer les médiations dans le brut des attentes ou de la prévision de déroulement dans le direct de l’intervention. Mais de me mettre dans une perspective de projection, fixation dans le temps et d’attente au delà du direct. Et de me demander ce que j’attends d’eux, et eux et eux de moi, et moi de moi dans une sorte de pratique constante d’une hygiène du décalage. Et de pouvoir expérimenter à nouveau la possibilité de la déception avec ses composantes et ses attentes convenues, comme une traversée. Me mettre en position de cette façon car les membres du groupe, de leurs unions réunions, de la famille, dans leur problématique propre, cela, ils ne me le donneront pas, ils ne peuvent pas totalement l’offrir.

Et de pouvoir me dire ou convenir que s’ils le donnent cette satisfaction ou forme d’attente à mon attente, c’est une fois, mais non reconductible ni systématique. D’en faire une règle pour soi. Sinon le risque est d’être prise en otage de la situation, de ce que les personnes demandent et à quoi il n’est même pas donné une forme cohérente et une unité, une fixité dans le temps et aussi une extériorité. Et sans évaluation de ce qu’ils peuvent m’apporter dans une attente et une relation insuffisamment constitué notamment en matière de changement et d’échange dans le changement. Dont l’un des vecteurs est économique, pour ne pas shunter l’évidence et non plus en faire le centre par excès. Apprendre aux gens d’attendre quelque chose d’eux-mêmes dans la relation comme dans le don, c’est aussi un modèle fondamental de mise en forme humaine dans le respect de soi et la dignité. Le don pouvant alors inclure le changement.

10 | Concevoir l’intérêt de l’écriture et du compte rendu, au-delà du fonctionnel ou de l’écriture de trace ou de mise en ordre pour soi

Ecrire a pris une autre dimension pour moi, depuis qu’il a été question d’écrire pour une écriture qui soit plus que fonctionnelle ou de convention en mode note et pratique de travail. J’ai compris aussi l’importance que le fait des traces écrites, des schémas et des sensations et leur représentation avait comme importance pour mon superviseur et la supervision et comme trace de suivi dans le miroir de la relation. Et qu’on parle comme on écrit pour comprendre et projeter plus loin que soi et que pour l’occasion des évènements et des circonstances (ce n’est pas de l’écriture banale et mémento). D’autant que la lecture s’ouvre par le moyen du blog, à qui peut ou veut comprendre et à envie de s’intéresser à ce qui est vécu, par exemple comme réalisateur de ce type de médiation, soutenue par une supervision ou un regard de supervision, qui en crée et théorise le fait et les contours. Ecrire revient alors à comme « fixer des bouts de réalité ». C’est comme réaliser « une troisième scène ». Ce sont des choses sur quoi j’échange avec Lucien Kokh.

 

Macha Arfel & Lucien Kokh, 27-02-2016

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